ART ET CRÉATION - 2

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Écrire

363 Idéogramme (le sud)
363 Idéogramme (le sud)

Écrire ? Que signifie écrire ? Pourquoi écrire ? Comment écrire ? Peut-on écrire sans écrire ? Sans raconter une histoire ? Sans être ni anecdotique, ni autobiographique, ni descriptif, ni romanesque, ni dogmatique… ni même discursif. Ne pas imaginer une histoire, qui n’est qu’une des infinies pos­sibilités de la manifestation phénoménale, réelle ou fictive, passée, présente ou future, qu’une autre intrigue des relations humaines, publiques ou privées. Comme on passe de la peinture figurative à la peintre abstraite, passer d’une écriture figurative, qui raconte quelque chose, à une écriture abstraite, qui ne raconte plus rien, mais qui exprime néanmoins une émotion profonde et est capable de la transmettre. La poésie y parvient, dans certains cas ; mais la prose, pourrait-elle y parvenir aussi ? Une prose poétique, peut-être. 

Ce qui rend l’écriture discursive, ce sont les phrases : elles créent des relations entre les mots, et une histoire entre ces mots, qui deviennent comme des acteurs. Les mots sont comme les formes et les couleurs en peinture : c’est leur composition sur la toile qui crée une image figurative ou abstraite. La composition peut être porteuse de sens ou non, mais elle est toujours porteuse d’émotion. Si le sens est fort ou explicite, c’est le mental qui regarde et prend la prépondérance sur le cœur. Il commente avant de ressentir. Quand le mental ne parvient pas à trouver un sens, sa réaction discur­sive habituelle est bloquée, et il se tait, laissant le cœur ressentir avec ses émotions. Peut-on appli­quer le même principe à l’écriture ? Laisser agir le pouvoir émotionnel et suggestif des mots sans les impliquer dans une histoire (donc dans le temps). Ne pas laisser la phrase masquer les mots, comme, en peinture, ne pas laisser le sujet figuratif masquer les formes et les couleurs.

La différence est que l’œil voit une peinture dans son ensemble, alors qu’il lit un mot après l’autre ; l’écriture dépend d’une succession temporelle, comme la musique et le cinéma : c’est leur côté dis­cursif. La peinture offre une vision de l’éternité, de l’intemporel ; l’architecture aussi, d’une cer­taine manière. 

Comment exprimer l’intemporel par l’écriture ?

 

15 février 2016, Chiang Mai

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