ART ET CRÉATION - 2

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Plénitude

443 Learning Thai

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Après deux périodes intenses dans ma peinture, celle des Peintures de guérison (nos 830 à 1064), de 1999 à 2005, et celle des Peintures tantriques et des séries SilenceMouvanceMutation et Poèmes de couleurs (nos 1070 à 1225), de 2006 à 2009, j’ai cessé de peindre pendant plusieurs années. J’ai toutefois commencé en 2010 une nouvelle série, Espace. Mais à part trois peintures, les autres sont restées inachevées. Je me suis concentré à cette époque sur l’écriture, sur la correction de mon Journal. Pour la peinture, j’avais l’impression d’être arrivé dans une impasse : je ressentais une sorte de découragement ; la motivation de continuer à peindre – et à faire des expositions – diminuait d’année en année ; et une chose me préoccupais de plus en plus : que faire de tous ces tableaux qui s’accumulaient depuis bientôt 40 ans ? 

En octobre 2012, à mon retour à Chiang Mai, j’ai regardé les tableaux de ma série Espace. À part trois, ils n’étaient pas très aboutis : il y manquait quelque chose. Le soir, pendant ma promenade, j’ai pensé à la peinture, et j’ai eu des idées : retravailler avec des sphères, ou des ronds, comme dans certaines Peintures tantriques, et aussi dans beaucoup d’autres peintures plus anciennes. Je pourrais ajouter des sphères dans mes espaces ! La sphère est liée au soleil ; je pensais aux couchers de soleil de Tahiti que j’avais eu l’idée d’exprimer en peinture : sans savoir comment à l’époque. Il y avait aussi l’espace sphérique dont parle Daniel Odier ; et le cœur, la boule d’énergie dans le cœur. La sphère peut représenter la joie, et le système d’ordonnées qui figure l’espace, le silence. Je lisais hier dans Le sacre du dragon vert qu’Éric Baret* avait été marqué par sa rencontre avec quelqu’un de vraiment joyeux, Jean Klein, et qu’il était évident que sa joie ne dépendait pas des circonstances extérieures. Un des livres de Jean Klein s’appelle d’ailleurs La joie sans objet.

En juin 2014, un peu plus d’un mois avant l’exposition du presbytère d’Ansouis, j’ai recommencé à peindre. Ce fut un peu difficile de reprendre le rythme. J’avais des idées, autour de la logique sphérique du tantra, selon Daniel Odier – pour ne pas utiliser le mot conscience, qui prête à confusion. Mais la réalisation picturale était moins évidente. C’est alors que j’ai commencé la série Plénitude, et à fin juillet j’avais terminé 10 tableaux qui furent exposés à Ansouis. Puis j’ai de nouveau cessé de peindre. Comme une nouvelle exposition était prévue à Ansouis en juillet 2016, à mon retour en France en avril 2016, j’ai repris la série Plénitude commencée en 2014 et, en deux mois, j’ai achevé 30 nouveaux tableaux, qui furent de nouveau exposés à Ansouis.

En 2017, je me remettais lentement d’une opération et je n’ai pas peint. Mais j’avais l’idée, quand je retrouverais mon énergie, de peindre de grands tableaux Plénitude, que je rêvais d’exposer dans la chapelle de Saint-Hilaire, près de Ménerbes. J’avais aussi envie de réaliser une gigantesque Plénitude, à suspendre au-dessus de l’entrée des mines d’ocre de Bruoux, dans le style des grandes thangkas qui étaient déployées sur les collines entourant les monastères du Tibet. 

En 2018, j’ai décidé de vendre ma maison de Cabrières d’Aigues, et ma principale préoccupation fut de trouver que faire des 600 tableaux qui s’y trouvaient, plutôt que d’en peindre de nouveaux. En septembre, juste avant mon départ pour la Thaïlande, j’ai rencontré Patrick Muni, qui est venu voir mes tableaux et m’a proposé d’acquérir la totalité de mon atelier. Le problème des tableaux était résolu.

En été 2019, j’ai commencé à vider tout ce que contenait ma maison de Cabrières, dont la vente était prévue pour fin septembre. Patrick Muni venait d’acheter un local à Cadenet pour y créer une galerie d’art. Les tableaux, les dessins, les estampes et tous les documents qui concernaient ma peinture furent transportés à Cadenet, dans une pièce aménagée spécialement pour les recevoir. Il me restait toutefois une douzaine de tableaux Plénitude inachevés, commencé en 2016. J’ai décidé de les terminer, ce que j’ai fait avec beaucoup de joie, parmi les cartons, dans mon atelier déjà à moitié vide, et ils sont partis pour Cadenet juste avant mon départ pour la Thaïlande.

Janvier 2020, je suis à Chiang Mai, vais-je continuer à peindre ? Probablement, mais pas tout de suite. La série Plénitude n’est pas finie, je sais que je pourrais la continuer, et aller encore beaucoup plus loin sur ce sujet. Mais je commence à entrevoir que Plénitude n’est pas le sujet ultime, comme je le pensais ces dernières années : de nouvelles visions commencent à apparaître…


Baret (Éric) (né en 1953) : disciple de Jean Klein, Éric Baret enseigne le shivaïsme tantrique du Cachemire. Il est devenu mon principal maître spirituel depuis notre rencontre en 2002.

 

21 janvier 2020, Chiang Mai

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