Au début de la cérémonie*, je vais faire un lien avec mes peintures. En fait, c’est la même chose, mais sous une autre forme ; le but est toujours d’amener la lumière, l’énergie cosmique, dans la conscience des hommes, car elle est toujours là, mais elle n’est pas consciente. L’installation du mandala de lumière permet aux personnes présentes de percevoir cette énergie et de l’imprimer dans leur mémoire consciente, afin de pouvoir l’invoquer quand ils en ont besoin. Les tableaux sont aussi un rappel de l’existence de la lumière, car chaque fois qu’on les regarde, on perçoit de nouveau cette énergie. Lorsqu’on est habitué à ces fortes perceptions, on peut commencer à ressentir des énergies plus subtiles, qui existent en toutes choses, et à canaliser soi-même cette énergie, n’importe quand, et n’importe où. C’est ce qu’ont toujours fait les artistes, en créant des œuvres et des espaces qui mettent les gens dans un certain état de conscience, qui les stimulent et les inspirent. 

Chaque fois qu’une personne s’ouvre à cette énergie, l’énergie qu’elle canalise s’ajoute à l’énergie du lieu. C’est ainsi que les lieux saints, et ceux qui abritent des œuvres d’art très admirées, comme La Joconde, deviennent très puissants. Une énergie positive y circule et les transforme en hauts lieux énergétiques. Un maître spirituel, un orateur charismatique, un acteur ou un musicien peut aussi canaliser ce genre d’énergie, qui émane alors de sa personne et de son expression plutôt que d’une œuvre d’art. Mais l’effet est le même. Dans un espace architectural, les ondes de forme canalisent l’énergie d’une certaine manière, mais la qualité de cette énergie est influencée par l’utilisation du lieu. C’est pourquoi l’énergie d’une église ou d’un musée n’est pas la même que celle d’un hall de gare ; mais un hall de gare peut être transformé en musée, comme le musée d’Orsay à Paris, et l’énergie en est ainsi modifiée. La création d’un haut lieu énergétique dépend de beaucoup de facteurs différents, qui se complètent et s’additionnent.

* Il s’agit de l’installation d’un mandala de lumière que j’avais réalisée lors d’une fête traditionnelle thaïlandaise pour l’inauguration de la Dhamma Park Gallery, à Pa Sang (une petite ville située au sud de Chiang Mai), dans la belle propriété de Venetia Walkey, sculpteur anglaise, et de son mari Inson Wongsam, sculpteur thaïlandais renommé. À cette occasion, j’avais également exposé quinze peintures de lumière. 

13 janvier 2000, Chiang Mai